Comment (a)coucher… ses personnages sur papier

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Poussez, madame, POUSSEZ ! Oui, c’est ça… Encore un peu… Et voilà !

Félicitation ! Vous avez donné naissance à un beau jeune homme de 19 ans aux cheveux blonds, yeux bleus, portant une barbe de trois jours, courageux à l’excès et qui a la fâcheuse habitude de sauter devant les bonnes gens en leur criant : « holà, manant, viens te battre si tu l’oses ! »…

…………..

Bon… C’est loin d’être le personnage ou la description idéale, mais c’est un début.

Je ne vous cacherai pas que l’une des nombreuses difficultés que vous rencontrerez en écrivant votre roman est de réussir à pondre de bons personnages… Que dis-je… De « bons » personnages ? Intrigants, craquants, détestables, captivants, attirants, originaux, effrayants, touchants, repoussants, drôles ou attachants, seraient des qualificatifs plus adéquats pour vous décrire ce que doit ressentir le lecteur en faisant connaissance avec les protagonistes de votre histoire. S’ils sont « plats » et « clichés », il s’ennuiera et il refermera le livre avant même que vous puissiez dire « l’hirondelle ne fait pas de camping » !

Donc, voici quelques petits trucs et conseils pour vous aider à accoucher de beaux « bébés ». Tous ensemble, POUSSONS !

TRUC 1 – Le maître des marionnettes

Avant de commencer à écrire votre roman, il est important de savoir ce qui meut vos marionnettes. La meilleure méthode consiste à remplir des fiches descriptives à leur propos. Plus vous en saurez sur vos personnages, sur leur caractère, sur leurs préférences, etc., plus ce sera facile de les faire vivre et de les rendre convaincant aux yeux des lecteurs.

Je vous ai amoureusement concocté une fiche de personnage, à remplir comme un formulaire du gouvernement, que vous trouverez ICI. N’hésitez pas à l’enregistrer, l’imprimer, lui baver dessus et à vous en servir autant de fois que nécessaire… (N.B. Pour utilisation personnelle, dans le confort de votre salon seulement. Tous droits réservés, sinon je vous transforme en brosse à récurer… Et je ne blague pas… )

Cela dit, une fiche de personnage n’est qu’un outil pour vous aider à développer les protagonistes de votre histoire. Vous pouvez en utilisez une, ou non, du moment que vous travaillez sur vos marionnettes AVANT de commencer à les mettre en scène. Il est primordial de les étoffer un peu, de leur donner de la consistance, car sinon, ça transparaîtra dans la richesse et la vraisemblance de votre roman.

TRUC 2 – Vivants ! Ils sont vivants !

Pour vous aider à développer le caractère de vos personnages, une des solutions consiste à les imaginer dans différentes situations qui ne se trouveront pas nécessairement dans votre roman. Faites-les interagir entre eux, dialoguer, etc. Comment réagissent-ils? Est-ce crédible ?  Peut-être même que ceux-ci vous révèleront des éléments de l’histoire auxquels vous n’aviez pas pensé. (Oui, oui, je vous le dis !)

En cours d’écriture, si vous réussissez à les rendre « vivants », ils vous surprendront parfois par leurs réactions imprévues.

« Au fur et à mesure que j’écris sur un personnage et que j’apprends à mieux connaître sa personnalité, j’en arrive souvent à un moment de mon plan où ils sont sensés faire ou dire quelque chose et se bornent à ne pas le faire car ce n’est pas dans leur nature. Il y a aussi des personnages plus secondaires (…), qui contre toute attente volent la vedette aux autres personnages dans toutes les scènes dans lesquelles ils apparaissent. Ces choses peuvent complètement ruiner un plan, mais j’ai tendance à considérer cela plus comme une preuve que je fais bien les choses, plutôt que l’inverse. Les bons personnages et les bonnes histoires développent leur propre vie. » Peter V. Brett

Soyez respectueux envers les choix de ceux-ci, du moment que ça reste crédible. Vous qui êtes leur maître, s’ils parviennent à vous surprendre et à vous mener sur des chemins que vous n’aviez pas prévu, imaginez l’effet qu’ils auront sur les lecteurs !

TRUC 3 – Les visiteurs impertinents

Si par malheur un nouveau personnage imprévu s’invite dans l’histoire et que vous ne pouvez arrêter d’écrire car la muse ne vous lâche plus (ce que je souhaite à tout écrivain…), prenez tout de même une courte pause pour esquisser sur un bout de papier quelques détails sur ce visiteur impertinent – que vous conserverez soigneusement pour y revenir plus tard. Car même pour un personnage insignifiant, avant de l’animer, il faut le connaître un tant soit peu pour le rendre consistant et crédible.

Aussi, ça vous évitera de le perdre, de l’oublier et/ou de le transformer involontairement en autre chose en cours d’écriture. Autrement dit, si c’est une gentille fillette qui se change tout d’un coup en un monstre sanguinaire à la page 666 de votre roman, c’est correct du moment que c’est une transformation prévue. (Sinon,  je commencerais à m’inquiéter si j’étais vous…)

TRUC 4 – Une image vaut mille mots

Pour vous aider à imaginer vos marionnettes, n’hésitez pas à les dessiner. Je sais qu’il y en a parmi vous qui sont des adeptes indéfectibles de l’art complexe des bonhommes allumettes (en clair, vous êtes médiocre en dessin). La solution pour ceux-ci est de trouver des photos sur internet et dans les revues qui ressemblent à ce qu’ils visualisent dans leur tête.

Je vous encourage même, à l’aide de la panoplie de logiciels gratuits qui existent aujourd’hui, à retoucher et assembler ces images à votre convenance (Ex.: avec The Gimp ou PhotoFiltre…).

Affichez-les ensuite dans votre espace de travail pour vous y référer et vous en inspirer à tout moment.

TRUC 5 – La bonne vieille méthode de la description

A– La description ennuyeuse…

L’une des erreurs que commettent certains auteurs débutants est de trop décrire ses protagonistes. Si leur but est d’ennuyer le lecteur, ils sont sur la bonne voie!

Retenez bien ceci : le plus important n’est pas de décrire ses personnages, c’est de les faire vivre !

Sachez qu’il existe, bien que ce soit plus rare, des auteurs qui font « voir » leurs personnages seulement à travers les actes et les émotions de ceux-ci, sans qu’on sache à quoi ils ressemblent. Nous les visualisons grâce à leur personnalité et leur psychologie. Cela donne une plus grande liberté d’imagination au lecteur. Et je peux vous pariez mon youkoulélé que vous ne verriez pas la différence…

Cela dit, sans vous offenser, ces auteurs ont beaucoup plus de doigté et d’expérience que nous, pauvres débutants. Je vous conseille donc d’utiliser la bonne vieille méthode de la description.

Mais qu’est-ce qu’une bonne description de personnage? Après en avoir fait baver mes neurones pendant un long moment, j’ai finalement trouvé cette réponse : une bonne description de personnage, c’est de faire ressortir les détails les plus représentatifs pour se faire une bonne idée du sujet, sans nécessairement mâcher le travail pour tous ceux qui liront l’histoire. Autrement dit, il faut donner le minimum de détails pour laisser la chance aux lecteurs d’utiliser leur imagination pour compléter les trous.

Ex.: « Soudain, la porte fut poussée avec tant de violence qu’une petite grappe de clochettes en laiton, qui était suspendue juste au-dessus, en fut ébranlée et tinta un long moment avant de s’immobiliser à nouveau.
Celui qui avait provoqué ce tintamarre était un garçon petit et gros qui pouvait avoir dix ou onze ans. Ses cheveux brun foncé, mouillés, lui pendaient sur le visage, son manteau gouttait, trempé de pluie, et il portait un cartable fixé à l’épaule par une courroie. Il était un peu pâle et hors d’haleine (…) » ( L’histoire sans fin, Michael Ende, Éditions Soline, page 7)

Dans cet exemple, on apprend le strict minimum, et c’est suffisant. Ça nous indique ce que nous devons savoir, c’est-à-dire que nous sommes en présence d’un garçon banal. Nous n’en saurons pas davantage sur son apparence au fil du livre. C’est seulement au moment où il se transforme en être extraordinaire, au milieu du roman, que l’auteur s’est permis de le décrire plus en détail…

Il y a donc un raisonnement derrière le choix des éléments fournis aux lecteurs. Ce qui m’amène à vous parler du point B.

B – Rien de mieux que la suggestion…

Le plus difficile consiste à choisir les détails que vous livrerez et ceux que vous garderez dans l’ombre. Un moyen pour vous aider à les sélectionner, c’est d’imaginer que vous rencontrez un de vos personnages sur la rue et qu’il attire votre attention: que remarquez-vous en premier ? Qu’est-ce qui vous saute aux yeux ?… Euh, je veux dire, objectivement. (Coquin, coquine, cessez de zieuter à cet endroit-là!)

Regardez-le comme vous contempleriez un beau paysage : en saisissant une vision d’ensemble pour commencer, puis en remarquant les détails qui ressortent quand vous vous attardez sur la vue. Les éléments qui restent sont ceux que vous devrez « peut-être » rejeter. Je dis bien « peut-être », car il ne faut pas oublier que nous ne venons pas du même monde que vos personnages. Les détails que vous distinguez en premier avec votre regard objectif de terrien du 21e siècle ne sont presqu’assurément pas les mêmes que ceux que remarquera un habitant de votre univers inventé.

Il faut donc que vous le regardiez à nouveau, en refaisant tout le processus de zieutage. Cette fois-ci prenez-vous pour un paysan ou tout autre habitant ordinaire du monde que vous avez créé qui le rencontre pour la première fois… Le résultat est-il le même ?

Si votre univers est relativement différent du nôtre, votre réponse devrait être non. Car si vous avez objectivement regardé votre personnage la première fois, le regard subjectif de l’habitant ne devrait pas concorder avec le vôtre. Par exemple, si votre héros a les yeux bleus et que dans votre monde inventé, ça signifie que c’est un démon, le paysan le remarquerait en premier, alors que ce serait un fait plus anodin pour nous.

Le but de cet exercice est de vous aider à sélectionner les détails à présenter au lecteur, mais aussi à vous faire prendre conscience du regard que vous porterez à vos protagonistes en les décrivant. Choisissez judicieusement l’angle avec lequel vous les observez et donc, les décrivez dans votre histoire. C’est plus intéressant d’intégrer le descriptif du personnage en le faisant « voir » par d’autres, que de tout simplement le dépeindre comme le verrait un dieu omniscient.

Ex.:  » – Va te peigner ! aboya Mr Dursley en guise de bonjour.
Une fois par semaine environ, l’oncle Vernon levait les yeux de son journal pour crier haut et fort que Harry avait besoin de se faire couper les cheveux. Harry s’était fait couper les cheveux plus souvent que tous ses camarades de classe réunis, mais on ne voyait pas la différence, ils continuaient à pousser à leur guise – c’est-à-dire dans tous les sens. » (Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling, Éditions Folio Junior, page 25)

Si nous revenons sur l’exemple des yeux bleus… Plutôt que d’écrire, « il avait des yeux bleus », privilégiez le regard subjectif. Ça donnerait quelque chose dans le genre: « Devant son regard bleu glacial, la jeune fille prit la fuite, terrorisée. Découragé, Bob soupira. Même après toutes ces années, il ne s’habituait pas aux réactions…bla, bla, bla ». Le bleu « glacial » renvoie au regard de la jeune fille qui a peur du héros. Cette intégration de l’apparence du personnage est beaucoup plus dynamique et le lecteur ne prend même pas conscience qu’il vient d’en apprendre un peu sur ce dernier.

Bien sûr, dans un même roman, voire dans un même chapitre, il faut varier les styles de description. Vous pouvez commencer par donner une description plus « classique » du personnage, et plus loin, intégrer quelques éléments à l’histoire, comme dans l’exemple de Harry Potter que je viens de citer.

C – Fadeur, quand tu nous tiens…

Il se peut que vous soyez confronté à des personnages fades dont aucun élément ne ressort vraiment. Bien sûr, cette banalité peut aussi être exploitée dans une description (voir le point A- La description ennuyeuse…). Or si tous vos personnages sont ainsi, … Hum… Vous avez un problème. Mais ne paniquez pas ! Ça peut se régler facilement: en leur attribuant un tic nerveux, un maniérisme récurent, un maintien particulier ou une démarche singulière, ils retrouveront de la vigueur (Ex.: Se curer les dents avec un ongle, se lécher les sourcils, un flan mou de la colonne vertébrale, un boiteux, etc.).

Il suffit souvent d’un seul élément remarquable pour que le lecteur se rappelle facilement de vos personnages. Utilisez ce truc toutes les fois que vous voulez leur administrer du « punch ». Et pas seulement pour ceux qui sont fades. Mais un seul tic ou autre suffit. Trop dans une même personne causerait l’effet inverse: ça seraient mélangeant et lassant.

Aussi, pour rendre vos personnages plus intéressants, n’hésitez pas à leur octroyer des fêlures, des contradictions et des peurs, à l’image des humains que nous sommes.

D– La qualité plutôt que la quantité

Le nombre de détails physiques de vos personnages que vous énumérez dans votre histoire ne doit pas être trop conséquent. Je dirais que le plus souvent, 8 à 12 éléments sont suffisants pour brosser un bon portrait « physique ».

Les écrivains détaillent en donnant des informations sur les cheveux (ex.: couleur, texture, longueur, coiffure…), sur le visage (ex.: yeux, nez, bouche, front, joue, menton, mâchoire), sur la carrure (ex.: grand, maigrichon, baraqué, svelte, bedonnant,…), sur l’habillement (ex.: lunette, chapeau, manteau, cape, botte, …), sur l’âge, etc.

Un ou deux de ces éléments doivent être, en général, plus remarquables que les autres, surtout pour le personnage principal. Vous devez souligner une différence, sans nécessairement qu’elle soit extraordinaire. Votre héros peut tout simplement être plus grand d’une tête que les autres, ou tenir son épée de la main gauche plutôt que de la droite. Ce n’est pas obligatoire qu’elle soit physique : elle peut être psychologique, dans le caractère, socialement et/ou dans les compétences…  Bien sûr, ces dissemblances acquièrent souvent une plus grande importance au cours de l’histoire, que ce soit dans les décisions que votre héros prendra ou dans son aptitude à influer sur les événements.

Pour ce qui est des personnages peu importants (qu’on verra très peu ou qui disparaissent rapidement), 3 à 6 qualificatifs physiques sont la plupart du temps suffisants. Du moment que vous brossez un portrait permettant au lecteur de se faire une idée rapide du sujet.

Ex.: On vient à peine de rencontrer ce personnage et il va mourir dans les secondes qui suivent: « Il ne portait rien d’autre que son pantalon ; c’était un jeune homme de grande taille, à la peau luisante et aux bras puissants. » (Entretien avec un vampire, Anne Rice, Éditions Pocket, page 42)

N’oubliez pas que plus vous décrivez un personnage, plus vous lui donnez de l’importance.

E– Soyez fin psychologue…

On décrit très peu la psychologie ou le caractère d’un personnage. C’est à travers ses actes, ses pensées et ses choix qu’on les découvre. Bien sûr, si vous voulez mettre en lumière un élément du caractère, vous pouvez en glisser un mot. Mais il faut alors l’intégrer dans l’histoire, comme explication à une réaction du personnage, dans un dialogue ou à travers le regard subjectif de quelqu’un d’autre.

Ex.: « Il glissa le poignard dans sa ceinture et quitta la table sans toucher à la nourriture. Ses six compagnons le regardèrent sortir sans dire un mot. Wellan avait de belles qualités, mais aussi de grands défauts, dont une propension à la colère. » (Les Chevaliers d’Émeraudes – Le feu dans le ciel, Anne Robillard, Éditions de Mortagne, page 35)

F – Les délais de livraison

Il ne faut pas trop attendre avant de livrer les détails physiques des personnages. Leurs descriptions, au moins sommaire, seront présentées dès le premier chapitre dans lequel ils apparaissent. Sinon, le lecteur sera troublé, voire « choqué » s’il s’est déjà imaginé leur apparence et que vous donnez tardivement des éléments contradictoires à ceux qu’il visualise dans sa tête.

La solution « classique » veut que vous décriviez votre héros dès la première page où il apparaît, tout de suite après avoir installé le décor. Mais vous pouvez sans problème attendre la deuxième ou la troisième page pour le faire. Même plus longtemps si vous trouvez que ça s’insère mieux dans l’histoire, du moment que vous l’introduisiez dans le chapitre où il entre en scène.

Si c’est un nouveau personnage qui survient et qu’il est plutôt secondaire, voire qu’on le reverra très peu ou pas du tout, là vous devez le détailler dès son apparition. Du moins, le plus adroitement possible, à travers le regard d’un autre personnage par exemple.

G – De la suite dans les idées

Vous ne pouvez pas insérer une description n’importe où. N’oubliez pas qu’il faut que l’histoire s’enchaîne bien. Il est primordial que le lecteur ne remarque pas que vous lui donnez des informations sur vos personnages. Il faut qu’il les enregistre de manière inconsciente. D’où la difficulté d’intégrer les détails pour que ça paraisse naturel.

La solution la plus simple consiste à les faire « voir » par un autre personnage, comme indiqué plus haut (B – Rien de mieux que la suggestion…).

Ou alors, en tant que narrateur omniscient, vous pouvez décrire votre héros dès son apparition dans l’histoire, autrement dit, tout de suite après avoir situé l’action, comme dans l’exemple qui suit.

Ex.: « Le 15 septembre 1981, le jeune Jack Sawyer, debout à l’endroit où les vagues viennent mourir sur le sable, contemplait l’immuable océan Atlantique, les mains enfoncées dans les poches de son jean. C’était un garçon de douze ans, grand pour son âge. Le vent du large ébouriffant ses cheveux châtains, probablement trop longs, dégageait son grand front pur. » (Le talisman, Stephen King/Peter Straub, Éditions Livre de poche, page 13)

Ou encore, pour que la description s’intègre bien à l’ensemble, ayez de la suite dans les idées. C’est-à-dire, révélez les particularités physiques du héros à travers les explications de l’univers qui l’entoure. Vous devez trouver un sujet qui vous amènera à parler de son apparence.

Ex.:  » Peut-être était-ce parce qu’il vivait dans un placard, en tout cas, Harry avait toujours été petit et maigre pour son âge. Il paraissait d’autant plus petit et maigre qu’il était obligé de porter les vieux vêtements de Dudley qui était à peu près quatre fois plus gros que lui. Harry avait un visage mince, des genoux noueux, des cheveux noirs et des yeux d’un vert brillant. Il portait des lunettes rondes qu’il avait fallu rafistoler avec du papier collant à cause des nombreux coups de poing que Dudley lui avait donnés sur le nez. La seule chose que Harry aimait bien dans son apparence physique, c’était la fine cicatrice qu’il portait sur le front et qui avait la forme d’un éclair. » (Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling, Éditions Folio Junior, page 25)

Dans ce dernier cas, c’est la comparaison entre Harry et son cousin Dudley et les maltraitances de ce dernier qui permettent à l’auteur de nous glisser une description en règle de son héros. Cela demande beaucoup plus de doigté et de réflexion, mais c’est la technique la plus dynamique pour révéler ses personnages.

H – Des détails saisissants

Privilégiez des termes « imagés » pour vos descriptions. Les métaphores et les comparaisons sont un bon moyen d’attiser l’imagination de vos lecteurs : par exemple, plutôt que d’écrire, « elle avait des cheveux et de grands yeux noirs au milieu d’un visage triangulaire », soyez plus créatif en écrivant:

« Des yeux noirs immenses, fascinants, donnaient une expression d’intense vie intérieure à son visage triangulaire mangé par une chevelure plus sombre que l’eau des mares au pied des roches. » (Les dames du lac, Marion Zimmer Bradley, Éditions Livre de poche, page 29)

Cela marque plus profondément le lecteur et ça accentue la richesse et le style de votre écriture.

Employez cette technique même pour des personnages insignifiants:

« Piers était un garçon efflanqué avec une tête de rat. Quand Dudley tapait sur quelqu’un, c’était toujours lui qui tenait par-derrière les mains de la victime, pour l’empêcher de se défendre. » (Harry Potter à l’école des sorciers, J.K. Rowling, Éditions Folio Junior, page 29)

Dans les cas de personnages « accessoires » tels que Piers ci-contre, en les décrivant, n’hésitez pas à livrer un détail sur la personnalité de ceux-ci. Car comme nous ne les reverrons pas ou très peu, ça permet au lecteur d’avoir un bref aperçu de leur caractère.

Truc 8 – Les professeurs bénévoles

Si vous n’êtes pas à l’aise avec les descriptions de personnage, prenez un ou deux romans que vous adorez et observez comment l’auteur s’y est pris. Ce sont les meilleurs professeurs que vous trouverez… et gratuit si vous les louez à la bibliothèque! D’ailleurs, cela vaut pour n’importe quelle situation. Vous ne savez pas comment procéder pour une description de lieu, l’enchaînement des chapitres, les dialogues, etc. ? Inspirez-vous de vos auteurs préférés !

Truc 10 – Juré, craché que c’est vrai !

Une autre difficulté que vous rencontrerez est de rendre vos personnages crédibles. Ou du moins, il faudra convaincre le lecteur que c’est le cas. Même si vous mettez en scène un monstre à deux têtes, il faudra faire croire que les actes de ce dernier, que ses réactions aux événements sont vraisemblables. N’oubliez jamais que ce sont les qualités, les défauts, les valeurs, les principes et l’historique du passé qui motivent les décisions de toutes personnes ou créatures, qu’elles soient réelles ou imaginaires.

« Je pense faire un bon boulot en créant des personnages complexes, avec des motivations réelles et plausibles. Très souvent, j’ai été frustré en lisant des livres dans lesquels je ne comprenais ni les motivations du protagoniste, ni celles de ses adversaires, en dehors du désir de l’auteur de les mettre en conflit. C’est pour ça qu’un livre comme Le Trône de fer se démarque de la fantasy de base, (…) » Peter V. Brett

C’est en observant les gens qui vous entourent et en les utilisant comme inspiration que vous réussirez à rendre vos personnages plausibles.

« Je pense que lorsque, dans un roman, les personnages sont confrontés aux mêmes problèmes que ceux des lecteurs, cela rend l’histoire plus convaincante (…) » Peter V. Brett

Truc 11 – Faites comme mère Thérésa

Hein ? pensez-vous… C’est quoi le rapport ?

Sans blague, je vous le répète, faites comme mère Thérésa. Ou si vous préférez, imaginez-vous comme un dieu indulgent qui contemple ses enfants : il les regarde vivre d’un oeil bienveillant, qu’ils soient bons ou méchants. Il les aime quoi ! Les paresseux, les menteurs, les naïfs comme les mécréants…

Vous devez rire quand ils sont heureux, pleurer avec eux quand un malheur arrive. Si c’est un être mauvais qui commet des actes atroces, soyez en colère contre lui, mais ayez tout de même pitié de sa noirceur intérieure. Si vous aimez vos personnages, ça transparaîtra dans votre écriture. Si vous ressentez des émotions en décrivant les aventures de vos personnages, dites-vous que c’est probablement ce que ressentiront vos lecteurs…

Dans un esprit contradictoire, sachez que certains auteurs pensent qu’il faut savoir prendre du recul pour mettre en scène ses personnages:

« (…) détendu et concentré, séparé de l’histoire — le maître des marionnettes manipule ! Je pense que c’est dans cet état qu’il faut être. Vous pouvez être passionné par ce que vous écrivez mais vous devez garder l’esprit clair quant à la façon d’y parvenir. La partie construction nécessite que vous preniez vos distances avec le contenu.
C’est la même chose quand vous tuez l’un de vos personnages, vous faites quelque chose d’horrible ou vous ressentez un moment d’intenses émotions. Si vous ne parvenez pas à vous libérer de tout ça, je pense que vous ne pourrez probablement pas l’écrire de la façon dont ça doit être écrit. Du moins je ne peux pas, parce que je suis sûr que d’autres auteurs diraient « vous êtes fou, bien sûr que vous pouvez, je fais ça tout le temps !. » Mais du moins pour moi, prendre de la distance semble fonctionner davantage et je ne me laisse emporter que plus tard quand je le relis, une fois que c’est terminé. » Terry Brooks

C’est à vous de déterminer quel genre de maître des marionnettes vous préférez être !

Truc 12 – Dit a Logue d’être bon !

Sachez qu’une grande part de la crédibilité d’un personnage vient de la justesse de ses dialogues.

« Pour moi, les dialogues sont l’aspect le plus important d’un livre. De bons dialogues donnent de bons personnages. De mauvais dialogues donnent de mauvais personnages. C’est aussi simple que ça. C’est vital que la conversation sonne vraie, et reflète l’essence de ce que les gens disent, sinon la chose entière devient immédiatement absurde. » Joe Abercrombie

N’hésitez pas à écouter les conversations dans votre entourage et dans les lieux publics, à remarquer des expressions, la manière de parler de certaines personnes, quitte à les retranscrire pour mieux vous en servir dans vos histoires.

Je sais, je sais, c’est plutôt rare de surprendre une dispute sur la meilleure façon de procéder pour tuer un dragon, mais les dialogues du monde moderne peuvent quand même enrichir le phrasé de certains de vos personnages, rendre le tout naturel seulement en modifiant quelques mots. Et puis, vous finirez par remarquer que beaucoup de sujets de conversations restent intemporels (les femmes complexées par leur apparence, les hommes et leur ego, les toilettes bouchées, les aléas de l’amour, etc.) et peuvent facilement s’appliquer à votre roman.

Truc 13 – Des personnages évolués

Tout personnage important d’un roman doit évoluer au cours de l’histoire. C’est OBLIGATOIRE. Que ce soit sa personnalité, ses aptitudes, son regard sur le monde ou son statut social, il est impératif qu’une évolution ait lieue en cours de route. Si le lecteur compare votre héros au début de l’aventure avec celui de la conclusion, il doit être en mesure d’indiquer ce qui a changé.

« (…) l’aventure sert à débarrasser les personnages des conditionnements qui les empêchent d’évoluer. » Pierre Bordage

Si vous voulez que votre roman possède une certaine profondeur, utilisez l’aventure autrement que pour divertir le lecteur. Il doit toujours y avoir un raisonnement, un « pourquoi » derrière les obstacles que vous créez pour le héros en cours de route. Les difficultés doivent faire avancer l’histoire ET le héros. Cela peut paraître évident au premier abord, mais beaucoup d’écrivains, et pas seulement des débutants, insèrent des obstacles à l’histoire seulement pour ajouter de l’action. La richesse du roman en souffre alors. C’est à vous de choisir quelle qualité d’histoire vous souhaitez narrer. Cela dit, rien ne vous empêche d’écrire un roman d’action avec de la profondeur…

Truc 14 – Déjà vu

Vous pouvez créer un excellent personnage, mais si c’est du déjà vu, communément appelé un cliché, votre roman perdra de la qualité. La solution à ce problème, Anne Guéro du duo Ange la connaît:

« (…) j’ai essayé de ne pas faire de Marikani un cliché : une femme forte, bien sûr, mais pas une héroïne parfaite de littérature post féministe où les femmes n’ont aucun défaut. J’ai essayé d’en faire un personnage humain, avec des fêlures, des contradictions, des peurs. » (Les trois lunes de Tanjor)

Au risque de me répéter, l’important, c’est de créer des personnages crédibles, voire « humain ». Si vous ignorez si les vôtres sont clichés, réfléchissez bien. Avez-vous déjà lu un roman ou vu un film dans lequel un des protagonistes ressemblait aux vôtres ?  Si c’est le cas, vous avez votre réponse. Sinon, n’hésitez pas à parlez de vos personnages aux gens de votre entourage. Si personne n’a entendu parler d’un héros tel que le vôtre, c’est très bon signe !

Conclusion

Si vous avez bien « poussé », vous réussirez à mettre au monde de merveilleux personnages qui seront un atout majeur à votre roman. Car comme l’affirme un certain Terry Brooks :

« Ce qui fait vendre un livre de fantasy c’est le conflit entre les personnages, la profondeur des personnages et les difficultés auxquelles vous les faites se confronter. Ce n’est pas le côté horrible d’un certain monstre ou le nombre de fois qu’une épée est levée pour abattre un monstre ou quelque chose de ce genre »

Je renchéris en disant ceci: les personnages sont l’âme de toute bonne histoire. Enlevez l’âme, et il ne vous reste plus que le squelette d’une histoire. Alors, à moins que vous vouliez écrire un roman sur des zombies… Je vous le répète, POUSSEZ !

Une réponse "

  1. coucou ! je suis tombée sur ton blog et je suis impressionnée ! Il est incroyable et apporte plus d’aide que beaucoup d’autres que j’ai pu voir *O*
    mais j’ai quand même une question sur les dialogues :
    Comment doser les dialogues et quand doit-on en mettre ?
    Doivent-ils ncontenir uniquement des sujet primodiaux ??
    merci (je suis FAN ) !!

    Je vais m’abonner à cet article comme ça tu n’auras qu’a repondre dessus !

    PS: je me suis marrée en lisant :’)

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